El acto quinto y último de Manón de Jules Massenet se desarrolla camino a Le Havre. Es el lugar donde van a ser deportadas algunas prostitutas entre las que se encuentra Manón. Lescaut y Des Grieux intentan rescatarla pero ni la suerte ni la propia Manón ayudan por su mal estado de salud. En el más puro melodrama de la época, Manón expresa «Me odio y me maldigo a mí misma pensando en ese dulce amor que por mi culpa se ha roto, y toda mi sangre no sería suficiente para pagar la mitad de los dolores que te he causado. ¡Perdóname!» En la escena final, Manón ya sólo ve posible la felicidad en el recuerdo y pidiendo ser mecida en los brazos de Des Grieux entra en «¡Un sueño… sin despertar!»
Anna Netrebko & Roberto Alagna, camino a Le Havre. Vienna ’07.
A. Netrebko & R. Villazon «Escena Final» Manon Belin ’07
ACTE V Scène Première (La Route du Havre) RIDEAU DES GRIEUX (seul; assis) Manon! Pauvre Manon! Je te vois enchaînée avec ces misérables! Et la charrette passe! O cieux inexorables, Faut-il désespérer? (apercevant Lescaut) Non! C'est lui! Scène Seconde (allant à lui; fiévreusement) Prépare ton escorte! Les archers sont là-bas... ils arrivent ici. Tes hommes sont armés? Ils nous prêtent main forte Et nous la délivrons! (voyant que Lescaut ne lui répond pas) Quoi? N'est-ce pas ainsi que tout est convenu? Tu gardes le silence! LESCAUT (honteux et avec effort) Monsieur le chevalier... DES GRIEUX (anxieux) Eh bien? LESCAUT Je pense... Que tout est perdu! DES GRIEUX Quoi? LESCAUT (piteusement) Dès qu'au soleil ont lui Les mousquets des archers, Tous ces lâches ont fui! DES GRIEUX (éperdu) Tu mens! tu mens! (avec âme) Le ciel a pris pitié de ma souffrance! C'est l'instant de la délivrance... Tout à l'heure Manon va tomber dans mes bras! LESCAUT (tristement) Je ne vous trompe pas! DES GRIEUX (faisant le geste de le frapper) Va-t'en! LESCAUT (se courbant devant lui) Frappez! Que voulez-vous? On est soldat... le roi paie assez mal! Alors, bien malgré soi, (Éclatant en sanglots) On devient un coquin, un homme abominable! DES GRIEUX (violent) Va-t'en! (Ils écoutent, interdits.) LES GARDES (En coulisse) Capitaine, ô gué, Es-tu fatigué De nous voir à pied! DES GRIEUX (écoutant) Qu'est-ce là? LES GARDES Mais non! mais non! LESCAUT Ce sont eux, sans doute... LES GARDES La Ramée. On n'est pas trop mal LESCAUT Je les vois sur la route! LES GARDES Sur un bon cheval Pour mener l'armée! DES GRIEUX (voulant s'élancer) Manon! Manon! (Lescaut l'arrête.) Je n'ai que mon épée, Mais nous allons les attaquer tous deux! LESCAUT (se récriant) Quelle folle équipée! DES GRIEUX Allons! LESCAUT Vous la perdrez! Croyez-moi, Il vaut mieux prendre un autre moyen... DES GRIEUX Lequel? LESCAUT Je vous en prie, Partons! DES GRIEUX (résistant) Non, non! LESCAUT Vous la verrez, je le promets! DES GRIEUX Partir! Lorsque son coeur me crie: "Viens à moi... " Non, jamais! LESCAUT Si vous l'aimez, venez! DES GRIEUX Ah! si je l'aime! Quand je veux tout braver; Quand je voudrais mourir pour elle! LESCAUT Venez! DES GRIEUX Quand la verrai-je? LESCAUT A l'instant même! Scène Troisième (Il entraîne Des Grieux par la gauche. Les gardes s'approchent.) LES GARDES Capitaine, ô gué, Es-tu fatigué, De nous voir à pied? (La voix des gardes se rapproche peu à peu.) Mais non! Mais non! La Ramée, on n'est pas trop mal Sur un bon cheval Pour mener l'armée! Capitaine, ô gué, Est-c'que je boirai au gué! Capitaine, ô gué! (Les gardes paraissent. Les passages suivants sont parlés) GRADES (au Sergent) Après chanter, il faut boire! LE SERGENT C'est bien le moins... Car ce n'est pas la gloire D'escorter l'arme au bras et de faire embarquer Des demoiselles sans vertu! LES GARDES C'est se moquer de nous! LE SERGENT N'importe! C'est le métier! Et que disent là-bas les captives? UN GARDE Oh! rien! Elles ne bougent pas! L'une d'elles est déjà malade, à demi morte. LE SERGENT Laquelle? UN GARDE Eh! celle qui cachait son visage et pleurait Quand l'un de nous cherchait à lui parler. LE SERGENT Manon, alors? DES GRIEUX (derrière le feuillage) O ciel! LESCAUT (le retenant) Silence! Laissez-moi faire... (au sergent, de loin) Hé, camarade! LE SERGENT Un soldat! LESCAUT Mieux, je pense, un ami! (à Des Grieux, bas) Avez-vous de l'argent? (au Sergent) Vous êtes obligeant, j'en suis sûr... Je viens donc réclamer un service... LE SERGENT Et lequel? LESCAUT C'est... rien que pour un instant De me laisser causer avec la pauvre fille Dont vous parliez... LE SERGENT Pourquoi? LESCAUT Je suis de sa famille... LE SERGENT Impossible! LESCAUT (Il lui donne une pièce de monnaie) Ah! LE SERGENT (regardant si on l'a vu) Pourtant... LESCAUT (nouvelle pièce d'argent) En insistant? LE SERGENT Peut-être... LESCAUT (lui donnant encore) On insiste! LE SERGENT Ah! ma foi, si vous parlez en maître! Accordé! (haut) Je ne suis pas si noir Que j'en ai l'air! Là-bas est le village, Vous l'y ramènerez vous-même, avant ce soir! (aux gardes) Détachez-la! LESCAUT Merci, mon cher et bon voyage! LE SERGENT N'allez pas, pour me remercier, Essayer de nous l'enlever! LESCAUT (levant la main) J'en fais mon grand serment En faut-il davantage? LE SERGENT Non, d'ailleurs quelqu'un restera Qui de loin vous surveillera! LESCAUT Merci, mon cher, et bon voyage! LE SERGENT En marche, allons! DES GRIEUX (caché) Merci, Dieu de bonté! (Les Gardes sortent et disparaissent. On entend leur chanson de marche qui se perd peu à peu dans le lointain. Des Grieux et Lescaut les suivent du regard avec anxiété.) LES GARDES Capitaine, ô gué, Es-tu fatigué De nous voir à pied. Mais non! mais non! La Ramée, On n'est pas trop mal Sur un bon cheval Pour mener l'armée! Scène Quatrième DES GRIEUX (encore caché, à Lescaut avec transport) Manon! je vais la voir! LESCAUT Et bientôt, je l'espère Vous pourrez l'emmener, LES GARDES (plus loin) Capitaine, ô gué! DES GRIEUX (montrant l'archer laissé là par le Sergent) Ce soldat? LESCAUT J'en fais mon affaire! (faisant sonner ce qui reste, dans la bourse) J'ai très bien fait de ne pas tout donner! (Lescaut remonte) LES GARDES (très au loin) Pour mener l'armée... Scène Cinquième (Manon parait, elle descend péniblement et comme brisée par la fatigue, le petit sentier.) MANON (elle pousse un cri de joie en voyant Des Grieux) Ah! Des Grieux! DES GRIEUX (avec ivresse) O Manon! (presque sans voix) Manon! Manon! (avec émotion) Manon!... Tu pleures! MANON (pleurant) Oui... de honte sur moi; Mais de douleur sur toi! DES GRIEUX (tendrement) Manon! Lève la tête et ne songe qu'aux heures D'un bonheur qui revient! MANON (avec amertume) Ah! pourquoi me tromper? DES GRIEUX Non, ces terres lointaines, Dont ils te menaçaient, Tu ne les verras pas! Nous fuirons tous les deux! Au delà de ces plaines Nous porterons nos pas! (Silence de Manon.) Avec affection) Manon, réponds-moi donc! MANON (avec une tendresse infinie; en cédant) Seul amour de mon âme! Je ne sais qu'aujourd'hui la bonté de ton coeur, Et si bas qu'elle soit, hélas! Manon réclame pardon, pitié pour son erreur! (Des Grieux veut l'interrompre, elle lui met la main sur la bouche) Non! non! encor! Mon coeur fût léger et volage Et, même en vous aimant éperdument, (très accentué) J'étais ingrate! DES GRIEUX Ah! pourquoi ce langage? MANON (continuant) Et je ne puis m'imaginer Comment... et par quelle folie... J'ai pu vous chagriner Un seul jour de ma vie! DES GRIEUX (avec effusion) Assez! MANON (tout en larmes) Je hais et maudis en pensant A ces douces amours par ma faute brisées, Et je ne paierais pas assez de tout mon sang La moitié des douleurs que je vous ai causées! Pardonnez-moi! (comme étouffée par les sanglots) Ah! pardonnez-moi! DES GRIEUX (attendri et passionné) Qu'ai-je à te pardonner... Quand ton coeur à mon coeur... (avec élan) ... vient de se redonner! MANON (avec un cri d'ivresse) Ah! (comme transfigurée) Ah! je sens une pure flamme. (avec élan) M'éclairer de ses feux, (s'attendrissant) Je vois enfin les jours heureux! DES GRIEUX (avec transport) Ô Manon! mon amour, ma femme, Oui, ce jour radieux Nous unit tous les deux! Voici les jours heureux! MANON Ah! je sens une flamme Qui vient m'éclairer de ses feux! Voici les jours heureux! Ah! je sens une pure flamme. (avec élan) M'éclairer de ses feux! Je vois les jours heureux! DES GRIEUX Ah! Manon, mon amour, ma femme! (avec élan) Oui, ce jour radieux Nous unit tous les deux! Le ciel lui-même Te pardonne... je t'aime! MANON (avec sensibilité) Ah! je puis donc mourir! DES GRIEUX Mourir! non... vivre! Et sans dangers désormais pouvoir suivre, Deux à deux, ce chemin où tout va refleurir! MANON (comme dans un rêve) Oui... je puis encore être heureuse... (très émue et presque sans voix; doux) Nous reparlerons du passé... (entrecoupé) Du l'auberge... du coche... (tendre et lent) ... et de la route ombreuse... (plus agité) Du billet par ta main tracé... (très ému) De la petite table... (grave) ...et de ta robe noire A Saint Sulpice... (avec un sourire triste) Ah! j'ai bonne mémoire... DES GRIEUX C'est un rêve charmant! (avec joie) Tout s'apprête pour notre liberté! MANON (de même) Partons! Non... (faiblissant peu à peu) Il m'est impossible... D'avancer... davantage... Je sens le sommeil qui me gagne... (à part, avec effroi) Un sommeil... sans réveil! (plus haut, malgré elle; presque parlé) J'étouffe... je succombe! DES GRIEUX (vivement avec inquiétude) Reviens à toi...! Voici la nuit qui tombe...! C'est la première étoile! MANON (rouvrant les yeux et regardant le ciel avec un sourire; lentement) Ah! le beau diamant! (à Des Grieux) Tu vois... je suis encore coquette! DES GRIEUX On vient! partons! (doucement) Manon! MANON (d'une voix éteinte) Je t'aime...et ce baiser c'est un adieu... (suffocant) suprême! DES GRIEUX (avec désespoir) Non! je ne veux pas croire! écoute-moi! rappelle toi! (avec tendresse et émotion) N'est-ce plus ma main que cette main presse? MANON (vaguement) Ne me réveille pas! DES GRIEUX N'est-elle pour toi plus une caresse? MANON Berce-moi dans tes bras! DES GRIEUX Reconnais ma voix à travers mes larmes! MANON Oublions le passé! DES GRIEUX Souvenirs pleins de charmes! MANON (en serrant beaucoup) O cruels remords! DES GRIEUX Je t'ai pardonné! MANON Ah! puis-je oublier (à volonté) les tristes jours de nos amours! Oui, c'est bien sa main que cette main presse, Ah! c'est bien sa voix! oui, c'est bien son coeur! c'est bien la tendresse des jours d'autrefois! Bientôt renaîtra le bonheur passé! DES GRIEUX Tout est oublié! N'est-ce pas ma main que cette main presse, N'est-ce pas ma voix? n'est-elle pour toi plus une caresse tout comme autrefois? Bientôt renaîtra le passé! MANON (en défaillant) Ah! je meurs! DES GRIEUX (avec effroi) Manon! MANON (à volonté) ... il le faut... il le faut! (en murmurant) Et c'est là l'histoire...de Manon (parlé) Lescaut! (Elle meurt. Des Grieux jette un cri déchirant et tombe sur le corps de Manon.) RIDEAU FIN DE L'OPÉRA. Fuente del libreto:
| ACTO V Escena Primera (La ruta del Havre) TELÓN DES GRIEUX (solo, sentado) ¡Manón! ¡Pobre Manón! ¡Te veo encadenada con unos miserables! ¡Y pasa la carreta! ¡Oh, destino inexorable! ¿Debo desistir? (Viendo a Lescaut) ¡No! ¡Es él! Escena Segunda (Yendo hacia él, febrilmente) ¡Prepara tus hombres! ¡Los guardias están allí!... ¡Se acercan! ¿Tus hombres están armados? ¡Ellos nos prestarán ayuda y nosotros la liberaremos! (Viendo que Lescaut no le responde) ¿Qué? ¿No es así como convinimos? ¡Guardas silencio! LESCAUT (avergonzado y con esfuerzo) Señor caballero... DES GRIEUX (ansioso) ¿Y bien? LESCAUT Creo que ... ¡Que todo está perdido! DES GRIEUX ¿Qué? LESCAUT (triste) ¡En el momento que el sol centelleó sobre los mosquetes de los guardias, todos esos cobardes han huido! DES GRIEUX (violento) ¡Mientes! ¡Mientes! (Con toda el alma) ¡El cielo ha tenido piedad de mi sufrimiento! ¡Es el momento de la liberación!... ¡Enseguida Manón estará en mis brazos! LESCAUT (con tristeza) ¡No os engaño! DES GRIEUX (haciendo ademán de golpearlo) ¡Vete! LESCAUT (inclinándose delante de él) ¡Pegadme! ¿Qué queréis? ¡Soy un soldado... el rey paga bastante mal! ¡Pero a pesar mío, (Estallando en sollozos) soy un bellaco, un hombre abominable! DES GRIEUX (con violencia) ¡Vete! (escuchan, desconcertados) LOS GUARDIAS (Entre bastidores) ¡Capitán, escucha! ¿Estás cansado de vernos a pie? DES GRIEUX (escuchando) ¿Qué es eso? LOS GUARDIAS ¡De ninguna manera! ¡De ninguna manera! LESCAUT Son ellos, sin duda... LOS GUARDIAS ¡La Ramée! ¡No está demasiado mal! LESCAUT ¡Vienen por el camino! LOS GUARDIAS ¡Cuando estáis sobre un buen caballo para conducir a la tropa! DES GRIEUX (queriendo arrojarse) ¡Manón! ¡Manón! (Lescaut lo detiene) ¡No tengo mas que mi espada, pero vamos a atacarlos los dos! LESCAUT (exclamando) ¡Qué locura! DES GRIEUX ¡Vamos! LESCAUT ¡Vos la perderéis! Creedme, será mejor utilizar otro medio... DES GRIEUX ¿Cuál? LESCAUT Os lo ruego, ¡Vámonos! DES GRIEUX (resistiendo) ¡No, no! LESCAUT ¡Vos la veréis, os lo prometo! DES GRIEUX ¡Partir! Cuando su corazón me grita: "ven a mí..." ¡No, nunca! LESCAUT ¡Si la amáis, venid! DES GRIEUX ¡Ah! ¿Cómo que si la amo? ¡Cuado yo quiero desafiar a todos e incluso querría morir por ella! LESCAUT ¡Venid! DES GRIEUX ¿Cuándo la veré? LESCAUT ¡Ahora mismo! Escena Tercera (arrastra a Des Grieux hacia la izquierda. Los guardias se aproximan) LOS GUARDIAS ¡Capitán, escucha! ¿Estás cansado de vernos a pie? (La voz de los guardias se aproxima poco a poco) ¡De ninguna manera! ¡De ninguna manera! ¡La Ramée! ¡No está demasiado mal! ¡Cuando estáis sobre un buen caballo para conducir a la tropa! ¡Capitán, escucha! ¡Puedo beber en el vado! ¡Capitán, escucha! (Los guardias aparecen. Los siguientes pasajes son hablados) GUARDIAS (al sargento) ¡Después de cantar, es preciso beber! EL SARGENTO Es lo mínimo que podemos hacer... ¡No es ninguna gloria escoltar armados y hacer embarcar a unas señoritas sin virtud! LOS GUARDIAS ¡Esto es reírse de nosotros! EL SARGENTO ¡No importa! ¡Es nuestro oficio! ¿Y que dicen allí abajo las prisioneras? UN GUARDIA ¡Oh! ¡nada! ¡Ellas no se mueven! Una de ellas ya está enferma, casi medio muerta. EL SARGENTO ¿Cuál? UN GUARDIA ¡Eh! La que esconde la cara y llora cuando alguno de nosotros intenta hablarle. EL SARGENTO ¿Manón, entonces? DES GRIEUX (detrás del follaje) ¡Oh cielos! LESCAUT (reteniéndole) ¡Silencio! Déjame hacer... (Al sargento, a lo lejos) ¡Eh, camarada! EL SARGENTO ¡Un soldado! LESCAUT ¡Mejor que eso, a mi entender, un amigo.... (A Des Grieux, en voz baja) ¿Tenéis dinero? (Al sargento) Vos sois cortés, estoy seguro... os voy a pedir un favor... EL SARGENTO ¿De qué se trata? LESCAUT Es... nada más que por un momento me dejéis hablar con la pobre muchacha de la que os hablé... EL SARGENTO ¿Por qué? LESCAUT Soy familiar suyo... EL SARGENTO ¡Imposible! LESCAUT (dándole una moneda) ¡Ah! EL SARGENTO (mirando si le han visto) No obstante... LESCAUT (le da una nueva moneda) ¿Es necesario insistir? EL SARGENTO Puede ser... LESCAUT (dándole más) ¡Insisto! EL SARGENTO ¡Ah! ¡A fe mía, que habláis como un maestro! ¡Prometido! (en voz alta) ¡No soy realmente tan malo como parece! ¡Allí abajo está el pueblo, la traeréis vos mismo al anochecer! (A los guardias) ¡Desatadla! LESCAUT ¡Gracias, amigo y buen viaje! EL SARGENTO Espero que no trateis de fugaros con ella. LESCAUT (levantando la mano) Os doy mi palabra de honor ¿Necesitáis algo más? EL SARGENTO No, por otra parte, apostaré a uno de mis hombres ¡que de lejos os vigilará! LESCAUT ¡Gracias, amigo y buen viaje! EL SARGENTO ¡En marcha, vamos! DES GRIEUX (escondido) ¡Gracias, Dios bondadoso! (Los guardias salen y desaparecen. Se oye su canción de marcha que se pierde poco a poco en la lejanía. Des Grieux y Lescaut los siguen ansiosos con la mirada) LOS GUARDIAS ¡Capitán, escucha! ¿Estás cansado de vernos a pie? ¡De ninguna manera! ¡De ninguna manera! ¡La Ramée! ¡No está demasiado mal cuando estáis sobre un buen caballo para conducir a la tropa! Escena Cuarta DES GRIEUX (todavía escondido, a Lescaut con delirio) ¡Manón! ¡Voy a verla! LESCAUT Muy pronto, espero poder llevárosla, LOS GUARDIAS (desde lejos) ¡Capitán, escucha! DES GRIEUX (señalando al soldado dejado allí por el Sargento) ¿Y el soldado?... LESCAUT ¡Yo he hecho mi tarea! (Haciendo sonar lo que queda en la bolsa) ¡Lo he hecho muy bien para no dárselo todo! (Lescaut sube la colina) LOS GUARDIAS (muy a lo lejos) Para conducir a la tropa... Escena Quinta (Manón aparece, desciende, penosamente como destrozada por la fatiga, por un pequeño sendero) MANÓN (da un grito de alegría al ver a Des Grieux) ¡Ah! ¡Des Grieux! DES GRIEUX (embriagado) ¡Oh, Manón! (Casi si voz) ¡Manón! ¡Manón! (Emocionado) ¡Manón!... ¡Lloras! MANÓN (llorando) ¡Sí... avergonzada de mí; pero de dolor por ti! DES GRIEUX (con ternura) ¡Manón! ¡Levanto la cabeza y no sueño más que en las horas de felicidad que vuelven! MANÓN (con amargura) ¡Ah! ¿Por qué me engañas? DES GRIEUX No, esas tierras lejanas, a las que ellos te envían, ¡Tu no las verás! ¡Huiremos los dos juntos! ¡Más allá de estas llanuras nos llevarán nuestros pasos! (Manón permanece e silencio. Con afectación) ¡Manón, respóndeme! MANÓN (con infinita ternura; cediendo) ¡El único amor de mi vida! Sólo hoy conocí la bondad de tu corazón... ¡Yo he caído tan bajo!... ¡Manón reclama perdón y piedad por sus errores! (Des Grieux quiere interrumpirla, ella le pone la mano sobre la boca) ¡No! ¡No! ¡Déjame continuar! Mi corazón fue frívolo y voluble incluso cuando te amé apasionadamente, (Muy acentuado) ¡He sido una ingrata! DES GRIEUX ¡Ah! ¿Por qué esas palabras? MANÓN (continuando) Y no puedo imaginarme cómo... y por qué locura... ¡he podido harcete sufrir un solo día! DES GRIEUX (con efusión) ¡Basta! MANÓN (en un mar de lágrimas) Me odio y me maldigo a mí misma pensando en ese dulce amor que por mi culpa se ha roto, y toda mi sangre no sería suficiente para pagar la mitad de los dolores que te he causado. ¡Perdóname! (Ahogándose por los sollozos) ¡Ah! ¡Perdóname! DES GRIEUX (enternecido y apasionado) ¿Que yo te he de perdonar?... ¡Cuando tu corazón y el mío... (Con ímpetu) ... acaban de volver a encontrarse! MANÓN (con un grito de embriaguez) ¡Ah! (Como transfigurada) ¡Ah, siento una llama pura! (Con ímpetu) que me ilumina con su fuego, (Enternecida) veo llegar al fin la felicidad! DES GRIEUX (transportado) ¡Oh, Manón, mi amor, mi mujer! ¡Sí, este día radiante nos une a los dos! ¡Ha llegado la felicidad! MANÓN ¡Ah! ¡Siento una llama que me ilumina con su fuego! ¡Ha llegado la felicidad! ¡Ah! ¡Yo siento una llama pura. (Con ímpetu) que me ilumina con su fuego! ¡Veo llegar al fin la felicidad! DES GRIEUX ¡Ah! ¡Manón, mi amor, mi mujer! (Con ímpetu) ¡Sí, este día radiante nos une a los dos! El mismo cielo te perdona... ¡Te amo! MANÓN (con sensibilidad) ¡Ah! ¡Ya puedo morir! DES GRIEUX ¡Morir! ¡No... vivir! ¡Y sin temor poder seguir juntos el camino donde todo volverá a florecer! MANÓN (como en un sueño) Sí.. Todavía puedo ser feliz... (Muy emocionada casi sin voz; con dulzura) Recordaremos el pasado... (Entrecortada) el albergue... el coche... (Con ternura y lentamente) ... y el camino sombrío... (Más agitada) ...la carta escrita por tu mano... (Muy emocionada) ...la pequeña mesa... (Con gravedad) ... y la ropa negra de San Sulpicio... (Con una sonrisa triste) ¡Ah! Tengo buena memoria... DES GRIEUX ¡Esto es un sueño encantador! (Con alegría) ¡Todo está listo para nuestra libertad! MANÓN (igualmente) ¡Vámonos! No... (Debilitándose poco a poco) es imposible para mí... avanzar... más lejos... Siento que el sueño me gana... (Aparte, con esfuerzo) ¡Un sueño... sin despertar! (Más alto, a pesar suyo; casi hablado) Me ahogo... ¡muero! DES GRIEUX (vivamente con inquietud) ¡Vuelve en ti...! ¡Ya anochece...! ¡Ésa es la primera estrella! MANÓN (Abriendo lo ojos y mirando al cielo con una sonrisa; lentamente) ¡Ah! ¡El bello diamante! (A Des Grieux) ¿Ves?... ¡Todavía soy coqueta! DES GRIEUX ¡Alguien viene! ¡Vámonos! (Con dulzura) ¡Manón! MANÓN (con una voz que se apaga) Yo te amo... y este beso es el final... (Sofocándose) ¡Adiós! DES GRIEUX (con desesperación) ¡No! ¡No quiero creerte! ¡Escúchame! ¡Recuerda! (Con ternura y emoción) ¿Mi mano no apretará nunca más esta mano? MANÓN (vagamente) ¡Desfallezco!... DES GRIEUX ¿No habrá nunca más para ti una caricia? MANÓN ¡Méceme entre tus brazos! DES GRIEUX ¡Reconoce mi voz entre mis lágrimas! MANÓN ¡Olvidemos el pasado! DES GRIEUX ¡Recuerdos llenos de encanto! MANÓN (estrechándose mucho) ¡Oh, crueles remordimientos! DES GRIEUX ¡Yo te he perdonado! MANÓN ¡Ah! ¡Puedo olvidar (Con esfuerzo) los días tristes de nuestro amor! Sí, es su mano apretando la mía... ¡Ah! ¡Es realmente su voz! ¡Sí, es realmente su corazón! ¡Es la ternura de los días pasados! ¡Muy pronto renacerá la felicidad pasada! DES GRIEUX ¡Todo está olvidado! ¿No es mi mano la que aprieta esta mano? ¿No es mi voz? ¿No habá para ti nunca más una caricia como otras veces? ¡Muy pronto renacerá el pasado! MANÓN (desfalleciendo) ¡Ah! ¡Me muero! DES GRIEUX (con espanto) ¡Manón! MANÓN (con esfuerzo) ¡... como debe de ser... como debe de ser! (Murmurando) Y esta es la historia ... de Manón (Hablado) Lescaut! (muere. Des Grieux da un grito delirando y cae sobre el cuerpo de Manón) TELÓN FIN DE LA ÓPERA Escaneado y Traducido por: Rafael Torregrosa Sánchez 2001 |
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